Châtiment

 

 

Et Eve évente ses pensées.
Elle susurre ses dociles sentiments,
En soufflant sur ses cheveux de filaments
Comme une singulière fanfare fatiguée.

Nous dormions alors en Eden,
Dans des jardins de fruits et de miel,
Suspendus entre la Terre et le Ciel,
Comme deux enfants sublimes d'une nudité incertaine.

Et ses yeux de diamants noirs,
Plus profonds que la moire de l'encrier,
M'inondaient de leurs pluies étoilées,
Comme le chant entêtant d'une sirène illusoire.

Rien dans ses gestes éthérés,
Ne laissaient entrevoir une quelconque malice,
Ni les maux dont on l'a faîte complice,
Comme si l'abandon d'un moment fût péché.

Et c'est le corps nu,
Qu'elle m'a accueilli sous les voilures,
A l'ombre fraîche de sa chevelure,
Comme pour draper nos regards d'Inconnu.

Comment Diable aurais-je pu
Lui refuser de partager le fruit exquis
De son amour, qu'elle me tendait, interdit,
Comme pour délivrer une offrande éperdue.

Et son sourire s'évapore,
Tandis que se dissipent les brumes d'innocence,
Qu'emportent cette prétendue divine bienveillance,
Comme une brise cruelle sur les nuées d'aurore.

Pour une pomme d'or, une morsure,
S'ébranlait l'Eden d'un dieu exclusif et jaloux,
Tandis que nous étions foudroyés de son courroux,
Comme si nos mains infligeaient à l'humanité ses blessures.

Mais Eve étend sa voix charnelle,
Pour adoucir nos tristesses et nos peurs,
Elle répand infiniment ses soupirs et ses pleurs,
Comme pour laver d'elle ce péché originel.

Tout de toi et tout en moi
Disait : " Tu es l'unique, éternel et adoré ",
Pourtant au nom de ce même amour, notre liberté
Fût sacrifiée, avec elle nos âmes et nos émois.

Et le Tout Puissant à jamais bannit
Notre passion coupable loin d'Eden,
Lui dont la bonté ne conçoit nulle haine,

Marqua nos cœurs miséricordieux de l'anathème,
Nous, créatures déchues, unies par l'hymen,
Comme deux anges perdus, accablés de son Interdit.

Werewolfen

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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