Extrait
de "Treizième poésie verticale"
Toujours au
bord.
Mais au bord de quoi ?
Nous savons seulement que quelque
chose tombe
de lautre côté de ce bord
et quune fois parvenu à sa limite
il nest plus possible de reculer.
Vertige devant un pressentiment
et devant un soupçon :
lorsquon arrive à ce bord
cela aussi qui fut auparavant
devient abîme.
Hypnotisés sur une arête
qui a perdu les surfaces
qui lavaient formée
et resta en suspens dans lair.
Acrobates sur un bord nu,
équilibristes sur le vide,
dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel
et dont les spectateurs sont partis.
Treizième poésie
verticale - José Corti - 1993
(Trad. de Roger Munier - Édition bilingue)
Extrait
de "Quatorzième poésie verticale"
Labîme
nadmet pas lordre,
le désordre non plus.
Et nous savons que tout est un abîme.
Pourtant,
le jeu de la feuille et du vent
sachève toujours à lendroit le plus exact.
Et aucune feuille ne souille
le lieu où elle tombe.
Il se peut quune feuille
ordonne
ou peut-être désordonne
une autre face de lunivers.
Quatorzième
poésie verticale - José Corti - 1997
(Trad. de S. Baron Supervielle - Préface L Cerrato - Édition
bilingue)
|